Nous sommes dans l'empire ottoman en juillet 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale. Une famille arménienne, les Hagopian, vit dans le village de Dendil, où Turcs et Arméniens cohabitent, comme le jeune héros de la BD, Mikael Hagopian et son ami turc Ali.
Avril 1915, la guerre a éclaté en octobre 1914 et l'empire ottoman se bat aux côtés de l'Allemagne. Des soldats turcs frappent à la porte des Hagopian et de toutes les familles arméniennes du village, exigeant l'enrôlement des hommes en âge de se battre. Arakel Hagopian doit alors quitter son épouse Varthouie, son fils aîné Mikael et sa fille cadette Anouche. Mais le véritable motif de ce prétendu recrutement est tout autre. L'enfer débute alors pour la famille Hagopian et les Arméniens du village, à l'image de ceux de tout l'empire ottoman.
Si les auteurs ne manquent pas de montrer des scènes d'exécutions et de meurtres de civils, ils ne se focalisent pas sur les atrocités relatées par les survivants et documentées par les observateurs européens puis les historiens. Au contraire, dans cette "Histoire du génocide des Arméniens", leur vision est aussi celle des Justes côté turc, qui tentent de désobéir au pouvoir en place et de protéger les Arméniens, au péril de leur vie.
La partie documentaire s'intercale entre les chapitres de la BD : les auteurs ont inséré de courts éclairages historiques, géographiques, politiques, culturels, sous forme de mini-paragraphes illustrés, permettant de comprendre le contexte géopolitique des événements, les renoncements des Alliés dans un contexte de guerre mondiale puis de cristallisation des blocs Ouest et Est. Renoncements qui coûtèrent toujours plus de pertes de vies et de territoires pour les Arméniens au fil du temps.On estime que les massacres et déportations perpétrés entre 1915 et 1923 ont fait au moins 1,2 million de morts, certains bilans haussant ce chiffre à 1,5 million. Les Arméniens ne sont pas les seules cibles de la folie meurtrière des Jeunes-Turcs : d'autres minorités chrétiennes comme les Assyro-Chaldéens, les Grecs pontiques et les Yezidis en ont été les victimes. Un siècle plus tard, la Turquie refuse toujours de reconnaître le génocide et pratique un négationnisme d'État.